Vérifier/Changer une anode

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Pourquoi changer une anode

Hormis les ballon inox qui n’en sont pas pourvus, tous les ballons d’eau chaude sanitaire en sont équipés.

L’anode magnésium protège de la corrosion l’acier du ballon, solaire ou non, là où il y a un manque d’émaillage (ballon en acier émaillé ou vitrifié, la norme prévoit 7cm²/m² sans émail, le procédé étant assez sensible).

Le rôle de l’anode est de se corroder préférentiellement à l’acier par réaction avec le laiton (des raccords de plomberie) ou le cuivre (en cas de réseau d’eau en cuivre) en contact avec l’eau, selon le même principe qu’une pile électrique : deux métaux différents et un liquide qui permet aux ions de se déplacer entre les deux.

C’est souvent une opération qu’on reporte, même quand on sait qu’il faut la faire. Cette négligence peut coûter un ballon.

Comment procéder au contrôle d’une anode

Pour connaître le type d’anode de votre ballon, reportez-vous à la notice de votre équipement.

J’ai jusqu’à présent rencontré 3 types de fixation d’anode, qui dépendent du modèle :

les anodes à visser directement sur la cuve , le filetage est souvent3/4″ ou 1″1/4,
les anodes fixées à l’aide d’un écrou M8 au travers d’une trappe de visite, dans ce cas, il est recommandé de changer aussi le joint et les petits accessoires de montage,
enfin les anodes M8, fixées sur une patte de fixation elle-même soudée à une trappe du ballon. Dans ce cas pas besoin de joint, mais prévoir un écrou M8 en inox.

Pour accéder à l’anode sans mettre de l’eau partout, il faut :

1 – Couper l’arrivée d’eau au niveau de l’entrée du ballon. Il y a une vanne sur le groupe de sécurité, à l’entrée du ballon. S’il n’y en a pas ou que la vanne est grippée, vous pouvez couper l’alimentation générale de l’habitation.

2 – Vidanger le ballon jusqu’au niveau de l’anode. On utilisera souvent le groupe de sécurité, car il est rare de trouver une vanne de vidange sur un ballon sanitaire.

Ouvrir le robinet d’eau chaude le plus bas de l’installation. En manœuvrant le bouton de la soupape, l’eau s’écoule. Si l’on tourne progressivement, on arrive à augmenter le débit. Certains groupes de sécurité ont un point d’équilibre à l’ouverture maximale de la soupape. C’est pratique pour vidanger les cumulus électriques, dont l’anode est souvent positionnée sur la trappe sous le ballon,car la vidange de la totalité du ballon prend un certain temps.

Dans les ballons solaires, l’anode est souvent placée en haut du ballon. Il suffit donc de vidanger le réseau d’eau chaude.

D’ailleurs, profitez que vous y êtes pour faire claquer le groupe de sécurité sanitaire, cela fait sauter l’éventuelle couche de tartre qui se dépose sur le siège de la soupape de sécurité et peut la faire fuir en permanence alors que l’eau ne doit fuir que pendant la chauffe.

3 – Dans les ballons solaires, l’anode se trouve généralement en haut. Enlever le capot supérieur du ballon, la mousse d’isolation,

4 – Selon le montage de l’anode :

Anode à visser directement : dévisser l’anode d’1/4 tour. La revisser pour avoir en mémoire le couple de serrage une fois qu’elle a été débloquée (il faudra lors du serrage retrouver ce couple de serrage et comme la plupart du temps, on n’a pas de clé dynamométrique à portée de main, on ne peut pas connaître la valeur du couple de serrage).

Vérifier l’anode comme indiqué ci-dessous, la remplacer en cas de besoin.

Anode M8

Desserrer le premier écrou de la flasque d’un quart de tour. Le resserrer d’un quart de tour en mémorisant la pression exercée sur la clé. Faire de même pour un autre écrou, si l’effort est analogue, c’est bon, sinon recommencez et ‘prenez une moyenne’.

Desserrer d’un quart de tour tous les écrous, en étoile (s’il y en a 6 : successivement le 1, le 3, le 5, le 2, le 4 et le 6 par exemple), puis dévisser tous les écrous et les mettre dans la poche (pour éviter que l’un d’entre eux tombe dans l’eau par inadvertance…).

Éventuellement récupérez les vis, mais normalement, elles ne gênent pas.

Ôter la flasque. S’il y a un joint fibre, s’assurer qu’on ne l’abîme pas en enlevant la flasque (surtout si on n’en a pas d’avance). S’il est en bon état, le joint peut rester en place. Sinon le changer. A noter : depuis un moment, on a des joints caoutchouc, plus difficiles à abîmer.

Nous y sommes.

5 – Vérifier l’anode

Voici ce que j’ai vu :

Pas trop de rouille après 10 ans sans entretien, il y a des raccords diélectriques et la résistance est débranchée la très grande majorité du temps, donc la cuve est en théorie isolée, elle ne se corrode pas facilement.

Le magnésium non corrodé est brillant, au dessous des concrétions, il reste une gangue formée par le magnésium corrodé non dissous et/ou les impuretés. Un coup de scie pour vous montrer le magnésium sous la gangue :

L’anode n’est presque pas corrodée, partie comme cela, elle durera bien 50 ans.

Si elle est corrodée à plus de 50%, remplacez-là.

Avoir exactement la même anode ne change physiquement rien du moment qu’il y a un contact métal métal. Le principal est donc d’avoir une anode sensiblement équivalente et qui se fixera de la même manière. Car si certains fournisseurs n’assurent pas la garantie si vous ne mettez pas la pièce d’origine, dans la pratique, si vous avez changé l’anode parce qu’elle en avait besoin, vous supprimez les problèmes liés à l’anode.

Vous le voyez sur la flasque de ce vieux ballon de qualité pas super (rassurez-vous, on ne vend pas cette marque, elle est black listée ! mais c’était un ballon de récup, pas cher…), après 10 ans, il y a effectivement un peu de rouille, mais la corrosion en dix ans n’a pas attaqué en profondeur. Sans anode, ça aurait probablement été déjà percé depuis un moment.

8 – Nettoyer l’anode (quand on y est, ça ne mange pas de pain). Avec une râpe, on enlève le gros des impuretés, on gratte la gangue quand elle est épaisse, et on arrive à avoir des points de magnésium brillants à la surface, alors c’est bon.

9 – Remonter l’anode sur la flasque.

Remonter la flasque : lors du serrage des écrous, amener d’abord les écrous au contact, puis serrer par 1/4 de tour IMPERATIVEMENT en étoile (cf §5 ci-dessus), afin d’éviter de chasser le joint (surtout avec le joint caoutchouc) ou de bloquer la flasque puis de créer des efforts ou des défauts de serrage effectif. Un dernier 1/4 de tour en se rappelant le couple de serrage lors du démontage.

10 – Refermer le robinet qu’on a laissé ouvert tout à l’heure, rouvrir la vanne d’alimentation, vérifier qu’il n’y a pas de fuite au niveau de la flasque. Profitez-en pour vérifier que le groupe de sécurité ne fuit pas, en ayant au préalable coupé le système de chauffe du ballon, sinon, refaites claquer jusqu’à ce que ça s’arrête, 10, 20 voire 30 fois. Au-delà, ça vaut sans doute la peine de le changer. A noter qu’il est bon de faire claquer le groupe de sécurité une fois par mois surtout si votre eau est calcaire, recommandation de certains fabricants (en dix ans, j’ai du le faire 5 fois, c’est l’histoire du cordonnier…).

11 – Purger le circuit d’eau chaude de l’air qu’on a fait rentrer, en ouvrant doucement un à un tous les robinets d’eau chaude. Pas trop vite car cela crée des coups de bélier dus aux bulles d’air dans le circuit. Certaines bulles peuvent tarder à partir, ça peut faire du bruit un moment, là, je vous laisse trouver la solution, entre débit et température…

11 – Repasser vérifier qu’il n’y a pas de micro-fuite à la flasque. Vérifiez encore le lendemain, puis remettez le couvercle.

Voilà, maintenant que vous savez faire, si vous voulez vous lancer, vous pouvez acheter l’anode ici, en préventif, ou pas car tout compte fait, c’est assez rapide à contrôler.

Nous proposons aussi des anodes ‘chaîne’ (anode saucisse ou anode saucisson selon le dialecte local), à utiliser si vous n’avez pas la place suffisante au-dessus du ballon pour la remplacer (cas des anodes en partie supérieure du ballon).